Conséquences sur les femmes

On reproche couramment au gouvernement actuel et à ses politiques d’austérité de nuire davantage aux femmes, mais comment cette tendance se traduit-elle concrètement? Les mesures budgétaires adoptées par le gouvernement Couillard depuis son élection affectent précisément les femmes à deux titres, en tant que travailleuses et en tant que bénéficiaires des services publics.
 
D’abord, les réductions de postes dans le secteur public affectent davantage les femmes, puisqu’un tiers des travailleuses au Québec sont employées par l’État, tandis que cette proportion n’est que de 19% pour les hommes. Près des trois quarts des employé-e-s de la fonction publique sont des femmes. Les compressions dans la masse salariale des employé-e-s de l’État ainsi que les coupes budgétaires dans le secteur public ont donc des répercussions beaucoup plus graves sur les femmes. Il faut souligner également que les femmes sont plus vulnérables au phénomène grandissant de la précarisation du marché de l’emploi (travail à temps partiel, sur appel) lié notamment à l’application des mesures d’austérité et à la dégradation des conditions de travail dans le secteur public.
 
De plus, puisque les coupes massives dans les services publics ouvrent la voie à une tarification de ces derniers, les femmes sont encore une fois plus touchées que les hommes par les politiques austères. D’une part, elles ne gagnent que 83% du taux horaire des hommes. Les écarts de salaire entre les femmes et hommes atteignent en moyenne 19 000$ pour les ressortissants universitaires et 10 855$ pour les non diplômés. Cela suppose qu’elles disposent encore aujourd’hui d’un salaire moins important dans leur vie active menant à un accès plus difficile aux services publics qui seront éventuellement tarifiés pour palier aux compressions dont ils sont l’objet. D’autre part, les femmes utilisent davantage les services publics, notamment ceux dans le secteur de la santé, et elles sont donc plus affectées par leur tarification.
 
L’augmentation des frais de garde pour les familles est un autre exemple d’attaque que les libéraux et les gouvernements antérieurs du Québec imposent aux femmes. Selon une recherche mené en 2008 par trois fiscalistes québécois-e-s, 28 000 femmes ne se seraient pas lancées sur le marché du travail sans les services de garde subventionnés par le public. Rendre les garderies moins accessibles par des tarifs plus élevés nuira donc à l’activité professionnelle de plusieurs femmes, et notamment les plus précaires économiquement.  
 
Aux différentes problématiques mentionnées ci-haut s’ajoutent des coupures de 12% (460 000$) au Conseil du statut de la femme et la fermeture de leurs bureaux régionaux, des coupes de 50% (500 000$) dans le programme À Égalité pour décider, soutenant des organismes québécois prônant la participation citoyenne et politique des jeunes femmes, l’annulation des concours régionaux du programme Chapeau les filles! visant à valoriser le travail des femmes dans des métiers traditionnellement masculins – autant de mesures qui démontrent que les politiques d’austérité nuisent particulièrement à la lutte pour l’égalité hommes-femmes, soit par les coupes dans des secteurs professionnels regroupant essentiellement des femmes mais aussi en nuisant à la valorisation des femmes qui percent dans des emplois typiquement masculins.
 
Pendant que nous coupons de plus en plus d’emplois aux femmes, le gouvernement, ne faisant qu’à sa tête, investit dans l’exploitation des ressources naturelles, par l’entremise notamment du Plan Nord. Celui-ci représente bien les emplois majoritairement masculins que créent systématiquement les projets d’investissement dans ce secteur, mais ce ne sont pas les seules conséquences que de telles initiatives de relance économique peuvent apporter: si on garde l’exemple du Plan Nord, celui-ci causera en plus, selon une étude réalisée récemment par l’Institut de Recherche et d’Informations Socio-économiques (IRIS), des hausses substantielles du prix du logement et des denrées, une augmentation des cas d’agressions sexuelles envers des mineures et la montée du décrochage scolaire. On pourrait donc conclure que certaines mesures de relance, comme le Plan Nord, ne font pas que profiter davantage aux hommes, mais aussi qu’elles nuisent carrément aux femmes.
 
Pour conclure, il est important de se rappeler que les coupes austères du gouvernement en place affectent les femmes davantage que les hommes, bien que l’ensemble de la société soit touchée par ce saccage budgétaire et social. Nous ne pouvons céder sur les gains que nous avons obtenus par la lutte – la grève sera nécessaire cet automne pour signifier au gouvernement qu’un recul de la condition féminine, et de nos acquis sociaux en général, ne passera pas.