La part publique des dépenses dans le domaine de la santé ne cesse de diminuer depuis les quarante dernières années. Passant de 80% en 1970 à 70% aujourd’hui, cette tendance se poursuit. En réduisant les dépenses de la sorte, c’est la capacité du système de santé à bien traiter la population, à bien prévenir les problèmes de santé, et à s’adapter aux changements démographiques comme le vieillissement de la population qui est mis à mal.
- Dans les années 90, le gouvernement de Lucien Bouchard impose des compressions de près de 1,5G$, ce qu’il nomme le virage ambulatoire.
- En 2003, le gouvernement de Charest fusionne les établissements de santé pour créer les Centres de Santé et de Services Sociaux (CSSS) en espérant réduire les dépenses et simplifier l’administration. C’est pourtant l’inverse qui se produit : les CSSS sont moins accessibles et les dépenses augmentent face à la complexité des nouvelles structures.
- La taxe santé est introduite en 2009.
- En 2014, le gouvernement de Couillard sabre près de 30% dans la prévention et la santé publique.
- En 2015, le gouvernement Couillard fusionne le CSSS en gigantesques Centres Intégrés de Santé et de Services Sociaux (CISSS) dans l’espoir d’économiser 220 millions, répétant du même coup les mêmes problèmes qu’en 2003. De plus, il impose aux médecins de famille des quotas de patients et de patientes très élevés sous peine de réduire leur salaire.
Pour assurer la fonction du système de santé, le gouvernement fait de plus en plus appel au privé pour dispenser soins et services de santé. Le centre hospitalier de l’université de Montréal (CHUM) a été financé en partenariat public-privé (PPP). Or, cette formule aura coûté au moins le double aux contribuables que si le CHUM avait été financé uniquement par les fonds publics. Alors qu’on vante la privatisation du système de santé comme une mesure dégageant des économies, c’est bien l’inverse qui se produit. On intègre aussi des cliniques privés pour réduire les files d’attente, même si leur prix revient en définitive beaucoup plus cher que si le public se chargeait entièrement de donner les soins. Ainsi, intégrer la clinique Rockland MD au sein du système de santé aura coûté près de 26 millions de plus.
Pire encore, ces transformations se font au prix de la santé et du bien-être de la population et des professionnel-le-s. Ainsi, on introduit de plus en plus dans les établissements de santé le LEAN, une organisation du travail des infirmières qui chronomètre à la seconde près chacune de leurs gestes professionnels. Cette organisation du travail est inhumaine : les conditions de travail des infirmières deviennent épuisantes, les risques d’accidents au travail augmentent considérablement et la qualité des services n’augmentent pas nécessairement.
Quelques conséquences de l’austérité en santé:
Loi 10
Le projet de loi 10 amène la fusion des CSSS en énormes CISSS afin de centraliser les soins et de réduire les coûts administratifs. De telles réformes complexifient les structures et fragilisent les conditions de travail des travailleurs et des travailleuses, sans pour autant garantir des économies ou des gains d’efficacité.
Loi 20
Le projet de loi 20 impose aux médecins de famille de respecter des quotas de patients et de patientes sous peine de réduire leur salaire. Il réduit aussi l’accessibilité du programme de procréation assisté (fin de la gratuité du programme).
Élimination de l’année bissextile
Une année bissextile augmente les dépenses : le 29 février représente une facture de 45 à 64 millions de dollars pour les établissements en santé. Habituellement, c’est le gouvernement qui assume cette dépense, mais cette année il demande aux établissements en santé de fournir eux-mêmes le montant.
Compressions en santé publique
Compressions de l’ordre de 30% des budgets en prévention et en santé publique. La recherche en prévention et en optimisation du système de santé est gravement affectée, réduisant du même coup les capacités d’adaptation du système de santé à des enjeux tels que les épidémies ou le vieillissement de la population.